AVANCER VERS LA LUMIÈRE

En août 1948, les derniers incendies de la guerre à peine éteints, les Audois ont voulu se souvenir. Ils ont dressé, square Gambetta, un Monument aux Résistants de l’Aude. Chacun pouvait trouver en cet espace, un lieu de mémoire. De la résistance, de l’horreur concentrationnaire, le Square Gambetta devenait, pour les audois, le symbole visible, de ce qui n’appartenait pas encore à l’Histoire mais à l’actualité immédiate. Rarement dans la construction de l’histoire des peuples, le besoin de « ne pas oublier » n’aura été aussi immédiat, aussi prégnant, aussi nécessaire, à la hauteur du drame effroyable qui venait de se produire.

Au moment où l’Europe est à nouveau en butte avec les risques de la déshumanisation, où les tensions sont fortes, il faut se rattacher au passé, non seulement pour ne pas l’oublier mais surtout pour ne pas cesser d’en apprendre les leçons.

Lors du 18e Voyage au nom de la Mémoire, organisé à Berlin par le Département, avec nos jeunes collégiens, la délégation a visité le Mémorial de Sachsenhausen, installé sur l’emplacement d’un des premiers camps de concentration nazis, construit en 1936. Le 18 octobre, M. Günter Morsch, directeur du Mémorial, a remis solennellement un peu de terre de ce camp afin qu’elle soit déposée au pied du Monument de la Résistance et de la Déportation élevé à Carcassonne, et qu’elle rappelle ainsi à tous le sacrifice de ceux qui tombèrent, victimes du nazisme.

IMG_1094Aujourd’hui, au nom des élus du département mais aussi des jeunes gens unis dans le recueillement, j’ai eu l’honneur de remettre cette terre au maire de Carcassonne. Elle est un hommage aux Déportés et aux victimes civiles et militaires de cet effroyable conflit. Mais elle doit aussi nous appeler à la vigilance perpétuelle quant aux idées qui se développent, au risque de l’oubli. Le respect de la dignité de chacun, la lutte contre le repli identitaire et nationaliste, notre foi en l’homme, en la démocratie, en l’Europe doivent continuer à nous habiter et affirmons-le ici, avec force, pour en être comptables devant ceux qui ont lutté pour que notre liberté soit encore aujourd’hui une vérité.

Dans cette même journée, le Département de l’Aude a signé une Convention avec le Mémorial de la Shoah qui vise à rendre possible la numérisation des documents relatifs au sort des juifs et détenus par les Archives départementales de l’Aude.

Nous sommes là au cœur du travail de mémoire que le Département s’attache à mener. Chaque année, je mets un point d’honneur à être présent aux commémorations de la tuerie du Maquis de Trassanel. Je crois profondément en ce que le devoir de mémoire peut avoir de constitutif de la vie du citoyen, et c’est pour cela que nous serons amenés dans les mois qui viennent à repenser les propositions en direction des collégiens dans le prolongement du Voyage au Nom de la mémoire, créé il y a 18 ans par Marcel Rainaud, alors président du conseil général.

Garder et faire vivre cette mémoire, c’est avoir sans cesse en tête que rien n’est impossible, y compris le pire. Il ne faut pas dire que les choses ne peuvent pas advenir, il faut penser qu’elles sont possibles et parce que cette possibilité est là, nous devons nous battre pour en éviter la commission. La vie est un combat, la vie du citoyen est un double combat, privé et public. Personne ne doit s’y soustraire pour que, collectivement, nous avancions vers la lumière.

Une réflexion au sujet de « AVANCER VERS LA LUMIÈRE »

  1. L’urne précédente déposée en 1948 au pied du monument à la Résistance avait été perdue lors de la destruction du square en 2003. J’avais signale cette disparition en 2013 dont personne ne s’était ému jusque là. La presse avait relayé l’information. J’ai également fourni les photos qui le prouvent et ont permis la réalisation de la nouvelle urne.
    Je suis heureux que le Conseil général ait pris l’initiative de cette manifestation.

    Martial Andrieu

Laisser un commentaire